Optimale obsidienne

Hier soir, Martin a reçu de son papa un nouveau Skylander : BlackOut.

BlackOut est un personnage de type « Ténèbres », qu’il est devenu difficile de trouver en magasin (du moins par chez nous).

Martin était de fait très content…

Et son papa aussi.

Ce matin, lorsque Martin nous a rejoints au grenier, il portait BlackOut avec lui.

Comme il le fait souvent, il me demande :

– « Tu l’aimes bien BlackOut ?

– Oui, je le trouve très réussi. On dirait qu’il est en obsidienne.

– C’est quoi ?

– C’est une pierre volcanique, noire, avec des reflets irisés mais sombres.

– Ah oui ! Dans Dragon City, j’ai un dragon qui s’appelle Obsidian. Il est de types « Feu » et « Roche ».

– Et ben voilà.

– Est-ce que c’est dur ?

– Je ne saurais pas dire. Je suppose. Attends, on va regarder.

– Obsidienne… « L’obsidienne est une roche volcanique vitreuse et riche en silice. De couleur grise, vert foncé, rouge ou noire, elle est issue d’une lave acide (type rhyolite). 

La vitrification en masse est rendue possible par le fort degré de polymérisation de la lave. Ce phénomène n’a rien à voir avec les bordures figées de quelques millimètres à quelques centimètres observées sur des laves basiques (filons, pillows lavas) pour lesquelles la vitrification est due à un refroidissement rapide de la lave (contact avec un encaissent froid ou avec de l’eau).
Son nom viendrait de Obsius, un personnage de la Rome antique qui aurait signalé en premier la présence de cette roche, en Ethiopie.

L’obsidienne est transparente à translucide et présente une texture et un éclat vitreux. Sa cassure est très nettement conchoïdale, sa dureté sur l’échelle de Mohs étant de 5 à 5,5 (il se peut qu’elle raye le verre). »

– 5 sur l’échelle de Mohs… »

 

Ni Martin ni moi ne connaissons l’échelle de Mohs.

Je pense de mon côté un instant à Richter, mais bien évidemment, pas grand chose à voir.

Nous suivons donc le lien vers l’échelle de Mohs.

 

– « L’échelle de Mohs fut inventée en 1812 par le minéralogiste allemand Friedrich Mohs afin de mesurer la dureté des minéraux. Elle est basée sur dix minéraux facilement disponibles.
Comme c’est une échelle ordinale, on doit procéder par comparaison (capacité de l’un à rayer l’autre) avec deux autres minéraux dont on connaît déjà la dureté. Cette échelle n’est ni linéaire ni logarithmique.
 »

 

L’échelle de Mohs compte 10 niveaux, correspondant aux 10 minéraux « facilement » disponibles dans la nature. Le niveau 1 est celui du talc et le niveau 10 celui du diamant.

 

– « 5, c’est donc au milieu.

– C’est un peu dur alors… Et le rubis ? Le saphir ? L’émeraude ?

– On va voir. »

 

Je vous passe la suite de la recherche et de la conversation associée.

En résumé, nous nous sommes rendus sur les pages des différents minerais et avons lu, vu des photographies (en version brute, en version taillée, en version polie) et consulté pour chaque pierre son fameux niveau sur l’échelle de Mohs.

 

Ce midi, Martin apporte, oh surprise, BlackOut à table. Et moi, toute contente, de dire à Olivier que je le trouve très réussi.

Nous en venons rapidement sur le terrain de l’obsidienne.

Moi, rien, sans plus…

Martin en revanche se met en marche :

-« C’est une pierre volcanique tu vois, noire mais pas tout à fait, avec des reflets. Elle est un peu dure, avec un indice de 5. C’est moins que le diamant, parce que le diamant, c’est le plus dur : avec 10. Le rubis il est à 9, c’est pas mal et le saphir aussi. Pour l’émeraude par contre, c’est 7,5. On a vu des pierres brutes. Je trouve que c’est plus joli que les pierres taillées. »

 

Retour à l’assiette.

Clignements d’yeux pour moi.

 

Ce n’est pas tant que je reste subjuguée.

Ces informations ne sont pas particulièrement difficiles à retenir.

Je suis étonnée. Etonnée de constater une fois de plus que des informations recherchées activement, suite à un questionnement volontaire, sur un sujet d’intérêt, sont retenues du premier coup en toute fluidité.

 

Avec BlackOut et l’échelle de Mohs, nous nous sommes trouvés, pour Martin, dans le cas d’une situation d’apprentissage optimal(e)… Et quand je compare cette situation à celle que nous vivons lorsqu’il s’agit d’apprendre les parties du corps humain en Anglais, je soupire.

 

Je comprends que la mémorisation des mots d’Anglais ne fait pas sens pour Martin. Je peux appréhender le fait qu’il n’y voit pas d’intérêt.

Il se trouve que petite, l’absence de sens ou d’intérêt n’était pas un problème pour moi. (En réalité, je pense que c’est un peu plus compliqué, mais ce n’est pas le propos présent). Il fallait apprendre, j’apprenais et ça allait plutôt vite.

Je ne sais donc parfois pas comment procéder avec Martin. Parce que pour lui, apprendre pour apprendre, ça ne fait pas le poids.

 

Martin n’utilisera probablement pas plus (voire moins) l’échelle de Mohs dans les jours à venir que les mots Anglais relatifs aux parties du corps humain.

D’un point de vue objectif, l’échelle ne fait pas plus sens pour Martin que les mots Anglais.

C’est d’un point de vue subjectif et expérienciel que se fait toute la différence.

Parce que l’échelle de Mohs, c’est une classification des minerais selon leur dureté.

Que les minerais sont des monnaies dans les jeux que pratique Martin.

Que dans ces jeux, les minerais, ou gemmes, ont des valeurs différentes.

Et que l’échelle est l’occasion de donner une explication « tangible » (la dureté relative des pierres), à la classification des valeurs des gemmes dans les jeux.

Un diamant ne vaut pas dix rubis par hasard.

C’est à cause de leur dureté relative… et d’une certaine échelle de Mohs.

 

PS : Je suis tombée il y a quelques jours sur un article de Marion de Change le monde dans lequel elle expose comment elle pratique « l’école à la maison » avec son fils de 6 ans.

Les principes sont clairs et pour la plupart de bons sens ou connus.

Deux questions me viennent :

– Est-ce que/comment ces principes sont applicables dans le « cadre » d’une scolarité collective et nationale ?

– Jusqu’à quel âge et pour quels types de connaissances ces mêmes principes sont-ils viables ?

Des questions véritablement ouvertes.